Porte Antique

La Porte Antique tire son nom des cubiculi de l’Antiquité gréco-latine. Ces pièces de petites dimensions, à une ou deux issues, aux sols de mosaïque, aux murs peints à fresque et aux plafonds de stucs peints, plongent l’occupant dans un environnement entièrement coloré. Particulièrement remarquables sont les cubiculi d’époque augustéenne (fin du 1er siècle avant notre ère), dits de la Farnésine, lieu de leur découverte au XIXème siècle lors de la construction des quais du Tibre à Rome. Magie des couleurs : rouge cinabre, noir, bleu égyptien ou blanc. Lieu d’émotion et de mémoire, la Porte Antique ici présentée traduit l’intense énergie véhiculée par les parois peintes des cubiculi de l’antiquité. La traversée s’ouvre sur une vision de lumière et de paix, la Pythie de Delphes et la Sibylle de Cumes, prophétesses de l’antiquité latine et clefs de lecture de l’ensemble.



« À qui s’étonnerait de cette rencontre du cœur du Bourbonnais et de la Rome éternelle, aux strates profondes affirmées par ces portes qui ouvrent l’un à l’autre ces deux mondes en apparence si éloignés, il n’est que d’opposer le regard de l’artiste, tout au long d’une œuvre riche et foisonnante, toujours au contact de l’une et de l’autre, informée par une culture antique, dont il est, depuis toujours, le passeur. L’œil du cavalier amoureux de la forêt de Tronçais analyse la Rome antique avec la profondeur et la culture de l’artiste de la Renaissance qu’il est, au fond de lui-même, depuis toujours.
Dans les premiers temps de sa création, déjà marquée au sceau d’une puissance hors du commun, Jean-Yves Bourgain avait entrepris d’ouvrir une première porte, — une porte de terre, moins imposante que celle dans laquelle trône Circé, mais déjà à l’échelle du mur qu’elle permettait de franchir. Cette porte était alors aveugle et se contentait de laisser deviner l’autre côté du miroir. J’ai vécu des années avec cette porte, dont j’essayais de percer, jour après jour, le mystère. Les portes qui s’ouvrent aujourd’hui comblent mes plus belles attentes.
Amoureux de la matière comme ne peut l’être qu’un artisan qui sait la maîtriser parfaitement, il est bien l’héritier des maîtres du Cinquecento, qui ne pensaient pas leur œuvre en fonction d’une technique employée, mais tout au contraire la technique en fonction du résultat attendu.
La profondeur du regard exprime la cohérence d’une œuvre toute entière marquée par la sensibilité : la matière devient aussi intelligente que la main qui la façonne. L’œil suit la texture des traces qui accompagnent ces portes, et leur stratigraphie, qui révèle la profondeur des sentiments et de la vie, comme les cernes des arbres plusieurs fois centenaires racontent l’histoire de la forêt. »


Nicolas Grimal, égyptologue, professeur au Collège de France, membre de l’Institut, Académie des Inscriptions et Belles Lettres

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